La futaie régulière


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Une futaie est un peuplement d'arbres ayant tous un fût, c'est-à-dire un tronc sans branches, surmonté d'un houppier. La futaie est dite régulière lorsque les arbres qui la constituent ont tous le même âge (exactement ou à quelques années près), ce qui leur donne des dimensions (en hauteur et en diamètre) sensiblement égales. La futaie régulière est aussi appelée futaie équienne ou futaie pleine. Elle peut être feuillue ou résineuse, composée d'une seule essence (peuplements purs : chênaie, sapinière, mélézein) ou de deux ou plusieurs essences (peuplements mélangés : chênaie-hêtraie, hêtraie-sapinière).

Le traitement en futaie régulière

Prenons l'exemple d'une parcelle de hêtres de 120 ans. L'aménagement (ou le plan simple de gestion) de la forêt a fixé à 120 ans l'âge auquel les peuplements de hêtres doivent être régénérés et préconise le recours à larégénération naturelle. Trois types de coupes de régénération vont intervenir.

1. La coupe d'ensemencement enlève une partie des arbres du peuplement, de façon à dégager les houppiers des arbres restants (semenciers) et à favoriser la fructification en laissant la lumière pénétrer largement dans les cimes. Cette coupe supprime aussi tous les arbustes et buissons (charme, aubépine, houx, noisetier) croissant sous la futaie en sous-étage.

2. Les coupes secondaires vont se succéder régulièrement tous les deux ou trois ans, enlevant progressivement les semenciers à mesure que les jeunes semis s'installent, de façon à ne leur faire de concurrence ni dans l'air (lumière), ni dans le sol (eau et matières nutritives).

3. Au bout de dix à quinze ans, si tout a bien marché, intervient la coupe définitive, qui enlève les derniers arbres de la parcelle, maintenant entièrement garnie de jeunes semis de hêtre.

Ce mode de régénération-naturelle est appelé régénération par la méthode des coupes progressives. Pour certaines essences, dont la production de graines est régulière et abondante (les pins, par exemple), la durée peut être très raccourcie, avec une seule (voire aucune) coupe secondaire. Si l'on désire, à l'occasion de la régénération de la parcelle, changer d'essence (remplacer le hêtre par du chêne, par exemple) ou si la régénération naturelle ne s'effectue pas dans des conditions satisfaisantes (la fructification des essences forestières et la réussite des semis sont soumises à de nombreux aléas écologiques : gelées, parasites, prédateurs), on recourt à la régénération artificielle : plantation le plus souvent, parfois semis. Dans ce cas, on coupe généralement le peuplement à blanc (coupe rase) puis on plante (ou sème) immédiatement derrière.

Quand le peuplement âgé a été totalement exploité, la parcelle régénérée par ensemencement naturel présente un aspect fort peu forestier au sens commun du terme : les jeunes semis, au ras du sol, mélangés aux herbes, aux fougères et aux ronces, font penser à de la broussaille. Mais tout l'avenir de la futaie est là, précieux. En grandissant, ces semis constituent une formation dense, impénétrable, qu'on désigne sous le nom de fourré : les hêtres, très ramifiés, ne forment qu'une masse végétale. Vers l'âge de dix à quinze ans, lorsqu'ils atteignent une hauteur de trois ou quatre mètres environ, les jeunes sujets commencent à s'individualiser : l'élagage naturel fait tomber les rameaux bas. La tige principale de chaque hêtre apparaît ; elle a la grosseur d'une gaule, d'où le terme de gaulis donné à ce stade du peuplement, dont la densité va baisser (de 1 0 000 à 4 000 tiges par hectare) sous l'action de la concurrence naturelle et des travaux sylvicoles (voir plus loin). La pénétration dans le peuplement reste incommode, étant donné la densité des tiges et la subsistance de branches basses encore nombreuses. Vers trente ans, le peuplement passe au stade du bas-perchis : les tiges changent d'aspect, prennent du diamètre, s'allongent, deviennent des fûts. On peut circuler sans difficulté dans le peuplement, dont les arbres, hauts d'une dizaine de mètres, sont distants les uns des autres de 1,5 à 2 mètres.

À ce stade commencent les premières éclaircies. La futaie continue sa croissance, les arbres s'élèvent, leur diamètre grossit, leur nombre diminue : on passe par les stades du haut-perchis, de la jeune futaie, de la futaie adulte, enfin de la futaie mûre. Tout au long de ce cycle, les éclaircies auront enlevé une partie des arbres du peuplement, dans le triple but de : sélectionner les plus beaux sujets, qui formeront le peuplement définitif ; amener la densité à celle correspondant au diamètre recherché ; régulariser le peuplement de façon qu'il soit le plus homogène possible. En définitive, la futaie régu- lière doit son aspect : - à son mode de régénération, réalisé en une seule fois (par plantation ou semis artificiel : les arbres ont alors tous le même âge), ou en peu d'années (et les écarts d'âge, peu importants au regard de la durée de vie du peuplement, s'estompent rapidement) ; - à son traitement, qui vise en permanence à régulariser le peuplement. Toutefois, lorsque la futaie comporte deux ou plusieurs essences n'ayant pas la même vitesse de croissance, les diamètres des fûts font apparaître ces différences de comportement. Par exemple, dans une chênaie-hêtraie de cent ans, les chênes auront un diamètre de l'ordre de 40 centimètres, alors que celui des hêtres sera proche de 50 centimètres.
Une production optimale en volume et en qualité
L'objéctif économique du traitement en futaie régulière n'est autre que la production de bois d'oeuvre, c'est à dire de bois apte au sciage, au tranchage et au déroulage. A cette production, la plus valorisante, s'ajoute celle de bois de feu et de trituration, que la futaie régulière produit en quantité équivalente à celle du taillis et du taillis sous futaie. Sachant que le prix du bois d'oeuvre de hêtre est de l'ordre de quinze fois celui du taillis (prix du bois sur pied), on perçoit immédiatement les avantages de la futaie régulière sur le plan économique. Et les écarts sont encore plus fort pour le chêne. La futaie régulière produit des arbres bien droits (sélection par les éclaircies), de grande longueur et sans noeuds (fûts nets de branches du fait de la croissance en peuplement dense), à bois homogène (croissance régulière selon un rythme donné par les tables de production):elle produit du bois d'oeuvre haut de gamme. La futaie régulière couvre environ 5 800 000 hectares, soit 40% de la forêt française.